Moi, habitant Londres, je me barricade et le premier qui passe sa gueule au travers des fils de fer barbelés autour de ma porte, je lui déboîte la mâchoire à la batte de baseball, avant de lui jeter dessus de l'huile bouillante façon Dustin Hoffman dans Les Chiens de Paille et de l'achever à la médiévale dans la cave, Bring out The Gimp style. Peu importe qu'il soit émeutier ou flic, je le ventile, je l'encule, c'est comme ça, le pur instinct de poule qui protège ses oeufs. Je conchie les thugs pour le coup mais je ne pourrais cela dit pas non plus vous jurer que si je devais passer devant un magasin assiégé par des voyous rendus dingues d'anarchie, je n'en repartirais pas moi-même avec trois Mcbooks et une tringle de costards chicosses. Je serais le premier à appeler la police mais sans doute pas non plus le dernier à la caillasser, si j'estimais qu'il devait soudainement se présenter une raison même mauvaise de le faire.
C'est ce que je pense, je n'ai jamais participé à une émeute. Mon poulet de père et plusieures de mes connaissances oui, et j'ai retenu de leurs vécus qu'une émeute, c'est de la dinguerie pure, du pétage de plomb intégral, un vortex de cinglitude où tout le monde se fiche complètement de revendiquer quoi que ce soit ou même d'agir de façon rationnelle. Il me reste une image très parlante de ces discussions : celle de touristes japonais coincés lors d'une émeute dans le centre de Bruxelles. Au bout de cinq minutes, ces braves Nippons jusque là très placides jetaient eux-mêmes des poubelles sur les flics. Tout simplement parce que l'animal qu'ils trimballent en eux s'était senti menacé. Ou excité par l'instinct de meute. Peu importe. Leur conscience humaine est allée faire un tour et La Bête a pris le contrôle.
L'existence de cet animal sauvage qui traîne dans nos cerveaux et se réveille au moindre shot d'adrénaline me parle bien davantage que les discours sociologiques de gauche et les discours moralisateurs de droite cherchant le pourquoi et le comment des UK Riots de ces derniers jours. Ca et la vacuité que l'on a tous dans le plexus solaire, au sens le plus vertigineux du terme. Pas la vacuité existentielle qui se remplirait par le travail, la responsabilisation ou la religion. La vacuité vraie, celle qui n'a aucune réponse, sauf peut-être après la mort et encore, ce n'est vraiment pas sûr. Comment gérer cela, comment réagir efficacement autrement qu'en abrutissant les gens de valeurs diverses ou en les lobotomisant, je n'en sais rien. Perso, je relativise par l'humour mais il y en a chez qui cela ne marche pas... Huh...That's just... huh, Like my opinion... huh... Man, comme disait le grand penseur Jeffrey Lebowski.
Je pense sincèrement que le monde dans lequel on vit depuis 2008 expose davantage les consciences à cette vacuité et que donc, Londres marque peut-être le début de quelque-chose de pas jojo du tout. Mais ça, je le suce de mon pouce, c'est mon intuition qui cause et on sait tous comment elle se trompe trop régulièrement, ces derniers temps. Avant de l'ouvrir, il faut déjà voir comment cela évolue au Royaume-Uni. Si Cameron débloque des budgets pour l'insertion sociale ou installe plutôt une dictature flicarde au nom de la paix urbaine. Si ce n'était qu'une explosion d'anarchie momentanée comme l'Angleterre en a connu beaucoup ou le début d'autre chose, de plus grande ampleur, l'avènement de la Planète des Chavs. Si l'on se contentera d'en faire des tonnes sur la responsabilité individuelle des voyous ou si l'on prendra également le temps de questionner celle d'une société crypto-nihiliste pas foutue de s'imaginer un avenir autre que complètement apocalyptique. Si l'on admettra que le vide intérieur des riches actifs ne vaut pas mieux que le vide des exclus, précaires et autres marginaux. Si on finit par admettre que le mec qui dévalise un magasin de sport et celui qui va filer de l'argent à PIAS « pour sauver l'industrie du disque » alors qu'ils ne mouftent pas pour la Somalie, partagent, au fond, le même nihilisme consumériste (*). Si on arrête de répondre à la connerie par des couillonnades, en gros...
UPDATE 12/08/11 : Cela semble mal barré!!!
UPDATE 12/08/11 : Cela semble mal barré!!!
(*) PS : je cherche des compagnons d'armes pour l'opération #TrollsForAfrica sur Twitter.
ça y est les première peines de prison on line viennent de tomber
RépondreSupprimerCondamnés à quatre ans de prison pour avoir incité aux émeutes sur Facebook
Jordan Blackshaw avait créé un événement sur Facebook intitulé «Détruire la ville de Northwich». Le deuxième accusé, Perry Sutcliffe-Keenan, avait lui incité à une émeute dans son quartier à Warrington.
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Des policiers anti-émeutes devant un magasin en flammes, le 9 août 2011 à Manchester, lors des émeutes en Grande-Bretagne. (© AFP Andrew Yates)
Deux jeunes hommes ont été condamnés mardi en Grande-Bretagne à quatre ans de prison pour incitation aux troubles via les réseaux sociaux, lors des émeutes qui ont sévi dans le pays la semaine dernière.
Jordan Blackshaw, 20 ans, avait créé un événement sur Facebook intitulé «Détruire la ville de Northwich» (nord-ouest de l’Angleterre). Selon le procureur Martin McRobb, la page avait été créée le 9 août.
Le deuxième accusé, Perry Sutcliffe-Keenan, 22 ans, avait lui incité à une émeute dans son quartier à Warrington (nord-ouest de l’Angleterre), en ouvrant une page Facebook appelée «Organisons une émeute».
Les deux jeunes hommes ont «utilisé Facebook pour organiser et orchestrer des troubles graves au moment où de tels incidents se produisaient dans d’autres régions du pays», a déclaré le procureur devant le tribunal de Chester, dans le nord-ouest de l’Angleterre.
La police a agi «rapidement pour fermer ces sites et s’assurer que personne ne participe à ces événements planifiés. Cependant, ces messages ont provoqué une panique considérable et un sentiment de révolte au sein des quartiers», a-t-il affirmé.
«Si l’on se souvient dans quelle mesure la technologie a été utilisée pour inciter les gens à commettre des actes criminels (lors des émeutes la semaine dernière dans le pays), il est aisé de comprendre» pourquoi les deux suspects se sont vu infliger une peine de quatre ans de prison, a estimé l’un des responsables de la police locale, Phil Thompson.
La Grande-Bretagne a été secouée la semaine dernière par les pires violences urbaines depuis au moins 30 ans. Des centaines de magasins ont été attaqués et saccagés, de nombreux bâtiments incendiés, et cinq personnes tuées. Les fauteurs de troubles ont eu largement recours aux réseaux sociaux Facebook et Twitter, ainsi qu’à la messagerie BlackBerry, pour s’organiser.
(Source AFP)
Et une semaine plus tard, le Nytimes confirme l'analyse fulgurante:
RépondreSupprimerhttp://www.nytimes.com/2011/08/14/world/europe/14looters.html?_r=1&scp=1&sq=looter%20as&st=cse