mardi 19 juin 2012
vendredi 1 juin 2012
SE TOUCHER LA NOUILLE 2.0
vendredi 1 juin 2012
Couillonnades,
Gonzozo,
Langue de pute
My way
Critiquer
publiquement, défendre une opinion. Voilà mon crime, ma dissidence,
mon hérérisie. Toutes les bagarres, virtuelles ou non, que j'ai pu
avoir depuis la quasi vingtaine d'années que je grenouille dans les
médias, c'est de là que ça part. Je suis le « jaune »,
le traître, le faux frère, le type qui vendrait les saloperies à
Wikileaks plutôt que de couvrir ses potes. Chaque fois que j'ose
émettre un avis sur ce que j'estime être une bourde, une erreur,
une encule, on ne me reproche jamais de le penser mais bien de le
faire savoir. On m'accuse de vouloir me mettre en valeur, d'avoir
besoin de haine et de faire-valoir pour exister, de faire le phoque à
baballe pour amuser ma cour. J'ai une sainte horreur des
corporations, des esprits de corps. Je vomis l'hypocrise merdeuse qui
veut que ce qui passe comme un loukhoum dans un cul de chameau en
réunion de rédaction puisse donner lieu à des réactions de
pucelles effarouchées si c'est publié sur un blog ou sur une page
Facebook. Je ricane des justiciers en frigolite qui, plutôt que de
tenir compte des critiques ou de les ignorer, s'ingénient à ne pas
vouloir les comprendre dans le simple but de rabaisser celui qui les
pose à une caricature de sale type. J'ai connu ça dans les médias
traditionnels, j'ai connu ça sur le net. Je connais ça depuis 3
jours avec Marcel Sel dans le rôle de Ba(r)tman. Ca me rappelle les
vestiaires de footeux, les bizuts, l'armée. La mentalité
cro-magnon, en d'autres termes.
Gonzozo
Suite au
clash qui nous oppose, Marcel Sel et Ultragonzo claironnent sur la
blogobulle francophone belge que je respecte trop Hunter S. Thompson
et la tradition gonzo que pour comprendre leur expérience de
« journalisme subjectif ». Je serais un gardien du temple
qui se braque à la moindre allusion déplacée au gonzo, un réac puriste
qui érige le concept en religion, « immobilise l'évolution de
la contre-culture ». Jamais, on ne m'a servi un tel plat de
foutaises à la nouille molle. Déjà, très sincèrement, le gonzo,
je pense que c'est un truc bien marrant mais mort et que c'est très
bien que ce soit mort. C'est de la blague, de la forfanterie
bourracho des seventies. Toutes ces questions sur la subjectivité
opposée à l'objectivité, au ressenti soi-disant préféré au
fact-checking, c'est de la foutaise complète de gens qui n'ont rien
capté au facteur fun de la chose, à son impertinence. Parce que
n'importe qui ayant un peu lu Thompson sérieusement sait très bien
que le travail de ce type s'inscrit dans une tradition de journalisme
littéraire qui remonte à London, Orwell et Hemingway, aux récits
d'explorateurs et d'aventuriers. Ce qui comptait pour lui, c'était
une certaine qualité d'écriture, le plaisir de lecture, la
confiance dans l'intelligence du lecteur et de faire part de ses
observations et de ses expériences de la façon la plus cash
possible. Le gonzo, c'est la justification de la défonce et de la
biture, l'emballage, rien de très passionnant. Le reste, le gros
morceau, ce n'était que du putain de journalisme nettement plus
traditionnel que révolutionnaire et c'est là, la question
principale que devrait se poser n'importe qui lançant un média :
qu'est-ce j'ai envie de raconter ? Quoi plutôt que comment.
Quoi plutôt que pourquoi. Une expérience sur le journalisme
subjectif comme l'entend Ultragonzo, pourquoi pas ? Mais en
tenant alors compte de ce qui s'est déjà fait dans le secteur et en
connaissant les écueils et les impasses de ce qui a déjà été
fait dans le secteur. Ce n'est visiblement pas le cas d'une majorité
de gens impliqués dans le projet et c'est bien pourquoi je les
critique, ces Bisounours. Pas méchamment, pas pour défendre
Thompson, ni le gonzo. Je n'interdis à personne de
lancer un site gonzo en ignorant pour ainsi dire tout du gonzo, du
moins sa définition, son évolution, son involution et les limites
du concept. C'est juste que je trouve ça con comme tout. Du personal
branling. Le magasin Ultracachemire qui ne vend que du polyester et
ne comprend pas pourquoi il court à la faillite et provoque les
railleries.
All
the way down
Il y a 4
ans je me suis cassé les ratiches sur une idée au fond assez
similaire à Ultragonzo, qui s'appelait Chupacabra. De près ou de
loin, depuis le début des années 90, j'ai été attaché à
d'autres projets du genre, avancés ou non, tous morts parce que la
principale difficulté d'un journalisme qui se veut différent ou
alternatif, c'est de trouver les bonnes personnes et les bons sujets.
C'est extrêmement difficile, surtout quand les projets sont
bénévoles. Marcel Sel m'a reproché de critiquer le manque
d'intérêt des sujets présentés par Ultragonzo. Dans sa volonté
d'abaisser des critiques construites à de la bave sans importance,
il se garde bien de souligner que j'ai ouvertement reconnu que
c'était un problème quasi inévitable à tout projet médiatique
bénévole, auquel j'ai personnellement été confronté dès 1995,
quand il s'agissait de recruter des gens pour écrire dans RifRaf.
Gérer un média bénévole, c'est se retrouver avec une équipe à
laquelle on ne peut raisonnablement pas demander un investissement
lourd. Il faut accepter des textes écrits sur un coin de table. Sans
budget pour envoyer ses "pigistes" là où ça se passe, sans fric pour les
motiver et leur assurer le minimum de confort, on se retrouve avec
entre les mains leurs banalités parce que c'est leur seul matériel
exploitable qui ne coûte rien. Avec Internet, il y a bien moyen d'un peu jongler, de
gonfler des sacs, de storyfier, mais cela ne remplace pas la cogne au
réel. A Chupacabra, les 3 meilleurs sujets retenus en amont étaient
vraiment des trucs dingosses, jamais lus ailleurs, des promesses de
récits vraiment très marquants. Ils ne m'ont jamais été livrés.
Il fallait du pognon pour faire le tour de ces sujets et on n'en
avait pas. On aurait pu les griller, se contenter d'une couverture
assez superficielle comme le font très bien Vice ou Technikart mais
on ne le voulait pas. Ces sujets sont aussi restés en carafe parce
que les types censés les écrire ont bien compris qu'il y avait
quelque-chose de professionnellement tortueux à livrer cela contre
trois cacahouètes et une bière alors que cela pouvait visiblement
générer du dollar ailleurs. Mais ailleurs, personne n'en a voulu.
Parce qu'il n'existe plus de magazines pour acheter ce genre
d'articles. Et que ceux qui rêvent de fabriquer la relève sont le genre
de crevards méprisés des banquiers. Tout simplement. Voilà le
genre de questions auxquelles j'ai été confronté durant mon
expérience de journalisme participatif, alternatif, whatever, et
voilà pourquoi j'estime être des gamineries sans beaucoup d'intérêt
le fait de plutôt se questionner sur l'idée d'être objectif ou
subjectif, gonzo mais pas trop ou fact-checkeur. C'est le fond qui
souffre, la forme, on s'en branle, elle s'impose plus tard. J'ai une haute opinion du
journalisme, au sens d'un récit qui raconte le réel, mis en scène
ou plus factuel, à des lecteurs présumés intelligents. J'ai un
amour immense pour les chroniques chiadées, les petites gouttes de
Médoc dans l'océan de Sangria, tout ce qui dénote du tout-venant.
C'est proche de la mort, tout cela, et il faut de plus en plus creuser
pour trouver son bonheur. Médias traditionnels et tentatives 2.0 se
valent pour la plupart de médiocrité et ce ne serait pas tant de
leurs fautes -le contexte est particulièrement pourri pour ce genre
d'entreprise, reconnaissons-le- si beaucoup de projets ne
s'ingéniaient pas à s'enliser sur des sentiers qui ne mènent nulle
part et, au nom de l'expérience propre, ne montrer que mépris envers ceux
qui ont déjà été s'échouer là. Mon crime, ma dissidence, mon
hérésie, c'est juste de ne pas être d'accord avec des types qui
n'ont pour ainsi dire aucune conscience de ce qu'ils font vraiment, estimer qu'ils perdent un temps dingue, rament dans un courant déjà largement cartographié malgré leur prétention de pionniers.
C'est mon opinion et je pense exposer suffisament d'arguments pour
que l'on puisse la considérer autrement que comme une salve
d'insultes gratuites. Sinon, allez tous vous faire mettre par la
moumoute d'André Lamy, les Twittos.