L'autre
jour m'est tombé sous les yeux un exemplaire de Ciné-Télé Revue
où, le temps d'une interview exclusive, Laeticia Delhez se plaint
que sur Facebook, elle se fait souvent basher par des trolls du net du fait
de ses tenues légères, aux bras nus. Certaines personnes semblent
estimer que si peu de tissu, c'est indécent sur une femme ayant été violée, et ne
se privent pas de le faire savoir sur les réseaux sociaux.
Ma première
réaction, ça été : putain, on va où là ?
La deuxième, de me demander pourquoi diable Laeticia Delhez s'affiche sur
Facebook en mode public ?
La
troisième, de me rendre compte que de lui reprocher ses bras nus et de
ne pas cadenasser ses profils on-line, c'est fondamentalement kif-kif-bourricot. C'est lui interdire
une vie normale, décider à sa place ce qui est mieux pour elle. Le
déclic de la tyrannie.
Dans ce
contexte chargé où les torchons belges en refont des tonnes et des
tonnes bien putassières sur l'Affaire Dutroux, m'est aussi tombé sous les yeux ce que
je pense être l'une des choses les plus traumatisantes,
intelligentes et marquantes de ces dernières années : White
Bear, le deuxième épisode de la seconde saison de la série britannique BlackMirror, peut-être carrément le meilleur du lot, même si la qualité
d'ensemble est tellement exceptionnelle qu'il est dur de trancher. Le
rapport avec Dutroux, les vindictes populaires sur réseaux sociaux
et le cirque médiatique qui perdure depuis 15 ans est évident mais
l'expliquer ici serait dévoiler un twist final complètement ouf, carrément
pervers, bien qu'au fond très humaniste. Cet épisode peut ressembler à
un remake de film apocalyptique, du Prix du Danger, de La Traque,
voire même tenir du torture porn. Ca n'en reste pas moins la
critique la plus acerbe des lynchages symboliques modernes qu'il m'ait été donné
de voir. Et ça donne juste envie de fermer sa gueule plutôt que de jouer la carte de l'empathie envahissante et de la tyrannie du bien sur le web. Ou celle de la vindicte, du soutien de la punition ultime. De ne pas participer à ce cirque malsain, en tous cas.