Je suis assez sidéré par la bouffonnerie sidérale que donne à entendre David Bowie sur The Next Day. Je crois que c'est l'un de ses disques les plus mauvais de sa carrière, avec Never Let Me Down et Reality. Peut-être est-il même pire ? LE PIRE ? Fondamentalement, c'est un truc de parfait has-been, de mec qui aurait du arrêter en 1985 (sur Absolute Beginners, sa dernière vraie merveille, mis à part Little Fatman, sa chanson dans The Extras, haha). The Next Day cartonne alors qu'il est tout aussi pitoyable et anodin que le dix-septième album des Stranglers sorti l'an dernier ou le So, Who's Paranoid ? des Damned de 2008. C'est kif-kif, du piètre travail d'anciennes idoles dans la panade. On a aimé ces mecs parce qu'ils sonnaient différents, dangereux, qu'ils présentaient un certain challenge intellectuel et même moral, qu'ils charriaient des plaisirs interdits, nous emmenaient dans des mondes inconnus, nous liaient à des arts, des personnages et une littérature excitants. En plus de sonner d'enfer. Après une telle fiesta dans les cages à miel, un tel retournement de cerveau et de coeur, who gives a damned flying fuck de leurs envies FM ? De leurs trucs de vieux clowns calés sur leurs vieilles blagues d'un autre siècle ? Des raisons fiscales pour lesquelles ils sortent encore des disques ou, dans le cas de Bowie, combien de plans sociaux la sortie de The Next Day évitera au petit personnel de Columbia ? Ce que j'aime chez Bowie, je le trouve aujourd'hui chez Matthew Dear et MGMT. Ce que j'aurais aimé du vieux Bowie, c'est qu'il joue dans Inception, davantage au théâtre, fasse peut-être un peu plus de trucs avec David Lynch, embarque un orchestre contemporain, Pantha du Prince ou Gonzales, prenne des risques de dandy, soit curateur d'une ATP, enregistre des audiobooks d'Orwell. Vieillisse bien, en d'autres termes, en toute élégance, comme Scott Walker, idole et néanmoins rival, et non pas comme un énième gros connard de baby-boomer sarkozyste incapable de raccrocher, se singeant jusqu'à sentir la vieille banane. J'ai autant de douleurs à l'oeil que si il y était collé une sucette et d'aigreurs à l'estomac que si je digérais le sperme à Mick Jagger quand je lis que David Bowie bataille aujourd'hui pour la tête des charts avec... Jon Bon Jovi. Ambiance « dernière panne à caca de libre» au service gériatrique. Je pense surtout que lorsque l'on a été rival de Roxy Music et T-Rex au zénith de leurs grâces et de leurs génies, disputer le sèche-cheveux à Bon Jovi, ça tape la honte du millénaire. Bien qu'un mec qui greenlighte une pochette aussi wtf que celle de The Next Day doit en fait être totalement insensible au sentiment de honte. (Non mais allô, quoi ? T'es graphiste et tu te permets ça ? Allô ?).
vendredi 15 mars 2013
BOWIE MAIS NON...
vendredi 15 mars 2013
Langue de pute,
Notes Putes
Je suis assez sidéré par la bouffonnerie sidérale que donne à entendre David Bowie sur The Next Day. Je crois que c'est l'un de ses disques les plus mauvais de sa carrière, avec Never Let Me Down et Reality. Peut-être est-il même pire ? LE PIRE ? Fondamentalement, c'est un truc de parfait has-been, de mec qui aurait du arrêter en 1985 (sur Absolute Beginners, sa dernière vraie merveille, mis à part Little Fatman, sa chanson dans The Extras, haha). The Next Day cartonne alors qu'il est tout aussi pitoyable et anodin que le dix-septième album des Stranglers sorti l'an dernier ou le So, Who's Paranoid ? des Damned de 2008. C'est kif-kif, du piètre travail d'anciennes idoles dans la panade. On a aimé ces mecs parce qu'ils sonnaient différents, dangereux, qu'ils présentaient un certain challenge intellectuel et même moral, qu'ils charriaient des plaisirs interdits, nous emmenaient dans des mondes inconnus, nous liaient à des arts, des personnages et une littérature excitants. En plus de sonner d'enfer. Après une telle fiesta dans les cages à miel, un tel retournement de cerveau et de coeur, who gives a damned flying fuck de leurs envies FM ? De leurs trucs de vieux clowns calés sur leurs vieilles blagues d'un autre siècle ? Des raisons fiscales pour lesquelles ils sortent encore des disques ou, dans le cas de Bowie, combien de plans sociaux la sortie de The Next Day évitera au petit personnel de Columbia ? Ce que j'aime chez Bowie, je le trouve aujourd'hui chez Matthew Dear et MGMT. Ce que j'aurais aimé du vieux Bowie, c'est qu'il joue dans Inception, davantage au théâtre, fasse peut-être un peu plus de trucs avec David Lynch, embarque un orchestre contemporain, Pantha du Prince ou Gonzales, prenne des risques de dandy, soit curateur d'une ATP, enregistre des audiobooks d'Orwell. Vieillisse bien, en d'autres termes, en toute élégance, comme Scott Walker, idole et néanmoins rival, et non pas comme un énième gros connard de baby-boomer sarkozyste incapable de raccrocher, se singeant jusqu'à sentir la vieille banane. J'ai autant de douleurs à l'oeil que si il y était collé une sucette et d'aigreurs à l'estomac que si je digérais le sperme à Mick Jagger quand je lis que David Bowie bataille aujourd'hui pour la tête des charts avec... Jon Bon Jovi. Ambiance « dernière panne à caca de libre» au service gériatrique. Je pense surtout que lorsque l'on a été rival de Roxy Music et T-Rex au zénith de leurs grâces et de leurs génies, disputer le sèche-cheveux à Bon Jovi, ça tape la honte du millénaire. Bien qu'un mec qui greenlighte une pochette aussi wtf que celle de The Next Day doit en fait être totalement insensible au sentiment de honte. (Non mais allô, quoi ? T'es graphiste et tu te permets ça ? Allô ?).
mercredi 6 mars 2013
ABOULE UN PEU UN CLOPE, DIS...
mercredi 6 mars 2013
KultuurKonfituur
Je
n'avais jamais entendu parler de Mick Farren avant de croiser un
exemplaire de son autobiographie, Give The Anarchist A Cigarette, mis
en avant sur un présentoir de Heffers, la grande librairie de
Cambridge. Il faut savoir une chose importante, c'est que malgré sa
réputation de havre de lumières et de sciences, Cambridge, c'est la
province britannique dans toute sa banale et grise horreur, avec ses
magasins d'anoraks et de petits pulls à la Jean-Pierre Bacri, les
pochetrons au pub et les salons de thé blindés de sosies de Martha Stewart. Les colleges et l'université attirent du monde, c'est aussi
un pôle important dans la production de jeux vidéo, mais pour le
reste, c'est une ville minuscule à peu près sans aucun intérêt,
certainement pas touristique. Comme souvent dans ce genre de cas
zéro, un certain sens poussé du régionalisme fait que les
habitants tentent de faire rayonner la réputation de leur trou à rats par
des chemins aussi tortueux que souvent maladroits.
Mick
Farren est né à Cheltenham et a passé l'essentiel de sa vie à
Londres, New-York et Los Angeles. Son seul rapport avec Cambridge, vu
que je ne suis même pas sûr qu'il y ait un jour foutu un pied,
c'est que certains de ses amis musiciens ont un moment joué avec Syd
Barrett. Le
premier chanteur de Pink Floyd est quant à lui carrément la grande
icône rock de Cambridge, où il a vécu une majorité de sa vie.
Evidemment, Barrett a surtout vécu à Cambridge largué du monde
réel, le cerveau grillé, reclus dans la maison de ses parents durant des décennies entières. Quand Barrett était un dieu
vivant de la pop, il n'avait plus aucun rapport avec la ville et si
l'abus de LSD n'avait pas grillé ses neurones, il n'y serait sans
doute jamais revenu. Je me demande dès lors toujours pourquoi
quelqu'un du personnel de Heffers a cru bon de placer la bio de
Farren sur un présentoir mettant en avant des gens qui sont nés à
Cambridge, y ont vécu ou étudié.
Enfin
soit. Le bouquin est extrêmement drôle, ce qui est assez rare dans
la littérature rock pour être souligné, et ce qu'il raconte des
sixties est de nos jours largement méconnu, donc forcément plus
passionnant qu'un énième radotage sur les Beatles ou Led Zeppelin.
Durant les années hippie, ce Farren était une figure de
l'underground britannique mais malgré l'abus de drogues hallucinogènes et de
petites pépées, il n'est pour ainsi dire dans ce livre jamais
question de peace & love. Au contraire, ce qu'il raconte de la
décennie 1964-1974 tient carrément de l'épopée punk. La drogue
rend parano, les concerts tournent mal, le bad trip est quasi continu. Farren monte un groupe, The Social Deviants, qui galère et
dont le split pathétique au Canada préfigure la démise miteuse et
camée des Sex Pistols, plus tard, à San Francisco, en 1978. Les magazines pour
lesquels il écrit collectionnent les procès pour obscénité. Il y
a des bagarres, avec des mods, des bikers, des flics, pour ainsi dire la société toute entière. Il y a vraiment
un souffle vénéneux et hargneux dans ce bouquin qui donne une idée bien différente de celle généralement admise de ces années là. On en ressort surtout
avec l'idée que quelle que soit la « révolution »
musicale en cours, on y retrouve toujours les mêmes ingrédients.
Pas besoin de kiffer le Floyd et Soft Machine pour apprécier Give
The Anarchist a Cigarette, donc. Un punk ou un raver peut très
facilement également s'y retrouver. Moi, en tous cas, j'ai kiffé grave.