Genesis
P-Orridge, qui reste à la contre-culture occidentale des temps
modernes ce que le glaçage est au cupcake, était ce mardi soir au
Beursschouwburg bruxellois. L'occasion de voir prester la mouture
2014 de Psychic TV, groupe formé en 1980 et toujours deuxième après
les Doors au classement du rock profondément chamanique.
jeudi 18 septembre 2014
AU THEATRE FLAMAND, LE ROI SERPENT
jeudi 18 septembre 2014
Gonzozo,
KultuurKonfituur
jeudi 14 août 2014
LE PUDDING TOTALITAIRE
jeudi 14 août 2014
Fulgurances,
KultuurKonfituur,
Langue de pute
Gamin au pensionnat de rupins, George Orwell faisait pipi au lit, craignait les séances de branlettes collectives et se sentait espionné en achetant du chocolat. Ce traumatisme du système scolaire anglais explique peut-être les passages les plus faibles de 1984, ceux pourtant censés décrire l'horreur absolue.
On n'a pas ici l'ambition de réécrire l'histoire littéraire comme le ferait dans le bouquin le Miniver, le Ministère de la Vérité chargé de truquer le passé et les souvenirs du peuple. 1984 est un tricot d'observations pertinentes et d'intuitions géniales, une dénonciation en gros implacable du stalinisme ainsi qu'un hommage vibrant aux libertés individuelles. C'est aussi un roman de mauvaise anticipation, à la trame narrative simplette, aux personnages mal pensés, à la psychologie naïve et aux incohérences dignes d'un blockbuster hollywoodien contemporain. En 1984, le Royaume-Uni a été marqué par les grandes grèves des mineurs, la montée des Smiths, les culs velus en shorts de cuir de Frankie Goes To Hollywood tout le temps, partout, ainsi que par la visite de courtoisie chez Madame Thatcher de Mikhail Gorbatchev, représentant d'un système politique alors en pleine déroute et de moins en moins ennemi. Ca, Orwell ne l'avait pas vu venir. Normal : son 1984 s'inspire surtout du Moscou sous Staline et du Londres d'après-guerre, avec ses cratères dus aux bombardements nazis, son rationnement alimentaire, sa propagande patriotique et sa nostalgie de l'Empire Britannique, alors en pleine phase de décolonisation.
On le sait, Orwell s'est pour 1984 aussi largement inspiré de Nous Autres, dystopie de 1920 signée de l'écrivain russe Ievgueni Zamiatine, ainsi que de La Kallocaïne, autre dystopie, cette fois parue en 1940 et imaginée par la Suédoise Karin Boye. Orwell entendait au travers 1984 lancer un cri d'avertissement politique fort. On peut donc penser qu'il était chaud-boulette sur son gros tas de notes, qu'il savait quoi dénoncer, maîtrisait au mieux sa critique du système soviétique, du double-langage et des dangers du socialisme anglais. Par contre, il est aussi permis de suspecter que l'auteur n'entendait que pouic aux codes de la science-fiction et de l'horreur et c'est peut-être bien pourquoi toute cette belle théorie s'est finalement transformée en grosse bouillabaise où les observations politiques tranchantes flottent à côté de gros grumeaux de pures couillonnades fictionnelles.
Big Moustache is watching you
Le roman reste aujourd'hui connu pour ses archétypes devenus clichés (Big Brother, la novlangue, la réécriture de l'histoire à des fins de propagande interne...) mais le monde qu'il caricature est bel et bien mort, sauf peut-être en Corée du Nord. 65 ans après sa publication, 61 après la disparition de Staline, 1984 a vieilli. La surveillance généralisée, la détention arbitraire, la torture et l'assassinat ciblé existent certes toujours, y compris dans des pays réputés libres. Mais Orwell n'a pas imaginé que l'on pourrait dès 1984 très bien ne pas tuer un opposant politique, ne pas censurer une voix dissidente. On peut aujourd'hui se contenter de totalement la décrédibiliser médiatiquement, de faire passer grâce aux réseaux sociaux le mouvement insurrectionnel pour un ramassis de clowns conspirationnistes, de minimiser l'impact de révélations ou même miser sur la possibilité que tout le monde se fiche comme de son premier lolcat de ce qu'un fuitard peut bien dévoiler des rouages d'un système corrompu. Dans 1984, il y a du Staline et du Trotski. Par contre, pas la moindre trace d'un ancêtre de Julian Assange ou d'Edward Snowden. Normal. Ce qui l'est moins, normal, c'est qu'au moment d'imaginer l'horreur absolue, la fin de l'humanisme, un système tyrannique s'installant pour durer éternellement, Orwell se soit empêtré dans un concept totalitaire futuriste aussi wtf qu'une dichotomie fantaisiste entre une large majorité de prolétaires plus ou moins libres et une petite poignée de membres du Parti vivant à eux seuls une expérience totalitaire full options, avec sa surveillance omnisciente irréaliste (qui surveille les surveillants?) et cette énigmatique interdiction sexuelle entre adultes pourtant consentants.
Le totalitarisme des chambrées de jeunes garçons anglais
Une hypothèse marrante qui permet de donner sens à ces incongruités implique de relire 1984 à la lumière de la nouvelle Such Such Were The Joys, finalisée au printemps 1948, quelques mois avant la touche finale portée par Orwell à 1984. L'auteur y décrit la vie malheureuse qui fut la sienne à Crossgates, transposition littéraire à peine déguisée d'un pensionnat huppé du Sussex où il a été envoyé tout gamin. Un monde refermé sur lui-même, où quelques règles aussi basiques qu'arbitraires sont dictées par le Headmaster, figure d'autorité menaçante, quasi divine, qui voit tout, sait tout, et recourt au châtiment corporel pour sanctionner ce qu'il considère être des transgressions, volontaires ou non. S’instaure forcément parmi les petits pensionnaires la plus morbide des paranoïas. Ils se dénoncent les uns les autres, non sans plaisir sadique. Leur solitude est abominable. Ils sont mal nourris et déracinés dans un monde clos où des plaisirs simples comme de mariner dans un bain chaud ou de savourer un morceau de chocolat leurs sont momentanément interdits. Crossgates est un pensionnat pour garçons, autrement dit un environnement où le sexe est en principe absent et où les accusations de pédérastie mènent aux coups de canne, voire aux expulsions. C'est une école anxiogène, brutale et froide, et pourtant, quand ses pensionnaires la quittent, ces gamins promis à devenir cadres de l'administration gouvernementale britannique gardent presque tous une dévotion quasi religieuse pour le Headmaster. Ils lui sont reconnaissants d'avoir fait d'eux des hommes bons, honnêtes et droits. Tout comme à la fin de 1984, après toutes les tortures qu'il a subies et malgré qu'il soit promis à une mort aussi violente que subite, Winston Smith se met à aimer Big Brother d'un amour sincère et inconditionnel.
Dans le roman, l'endoctrinnement ne concerne que les membres du Parti. En dehors de celui-ci, « les proles » vivent une vie miséreuse mais exempte de surveillance rapprochée. Si des agitateurs apparaissent, ils sont neutralisés, mais 1984 ne semble pas envisager qu'un leader charismatique révolutionnaire puisse émerger de la masse inculte. A Crossgates, la tyrannie à laquelle le Headmaster soumet ses élèves n'est elle aussi effective que dans l'enceinte de l'établissement. En dehors, la vie villageoise continue tranquillement et on peut supposer que les gamins pensionnaires, future élite de la nation, avaient des paysans et des petits commerçants des alentours une perception assez semblable à celle qu'a Winston Smith des prolétaires dans le roman : des êtres aux mœurs rudes mais charmantes, à la crasse romantique, exclus de naissance des brillantes carrières institutionnelles, mais jouissant d'une liberté désirable.
Le chocolat, c'est l'esclavage
A Crossgates, Orwell pissait au lit. Chaque soir, flippé, il priait Dieu pour que sa vessie tienne jusqu'au lendemain matin. Mouiller ses draps était sévèrement sanctionné par le Headmaster et Orwell racontera plus tard que c'est précisément cette expérience de se prendre des coups de canne pour un acte involontaire qui lui fera comprendre que l'on vivait dans un monde dont il lui serait impossible de respecter les règles. Quand Winston Smith est arrêté dans 1984, il croise en prison un voisin pourtant tranquille à qui il est curieusement reproché d'involontairement critiquer Big Brother dans son sommeil. Autre coïncidence amusante, peut-être frappante : dans Such Such Were The Joys, Orwell raconte aussi qu'un jour qu'il est envoyé faire une course au village, il s'achète en douce du chocolat avec de l'argent qu'il a caché. Alors qu'il sort de la confiserie, un homme le dévisage longuement et le gamin est vite persuadé qu'il s'agit en fait d'un espion du Headmaster. Il s'attend à être dénoncé et puni, comme n'importe quel morveux dont la culpabilité se transforme en paranoïa galopante. Winston Smith vit dans le roman une expérience similaire : il découvre par hasard une charmante boutique d'antiquités dans les bas-fonds de Londres, loue au propriétaire une chambre meublée où écrire tranquillement ses tourments et faire l'amour à Julia et hop, le type est en fait un espion du Parti qui les dénonce aux autorités. C'est cauchemardesque mais délirant, comme une crainte d'enfant. Dans la nouvelle, Orwell reconnaît d'ailleurs qu'il fut grotesque de penser qu'un maître d'école placerait des espions ici et là afin de s'assurer que le règlement de son établissement soit respecté même là où il ne s'applique pas. Dans le roman, par contre, il semble plutôt logique à l'auteur que son héros soit dénoncé par un espion qui n'a aucune raison de l'être, propriétaire d'un immeuble qui n'a aucune raison d'être surveillé et où le personnage est entré totalement par hasard. Licence poétique, toi qui excuse les pires incohérences...
La caméra sur le parking du Monoprix
Souvent naïf, un poil trop moraliste, plus british que gauchiste, George Orwell avait ses idées et ses doutes, qu'il défendait plutôt pas mal quand il se contentait d'observer ses marottes ; c'est-à-dire les pauvres, le socialisme et ses perversions. Imaginer un futur horrifique crédible lui semble par contre avoir été plus difficile. La tirade finale du personnage d'O'Brien, sbire du Système qui torture Winston Smith, est ainsi à peine digne d'un méchant peu inspiré de James Bond : « Le pouvoir est d’infliger des souffrances et des humiliations. Le pouvoir est de déchirer l’esprit humain en morceaux que l’on rassemble ensuite sous de nouvelles formes que l’on a choisies. Commencez-vous à voir quelle sorte de monde nous créons ? C’est exactement l’opposé des stupides utopies hédonistes qu’avaient imaginées les anciens réformateurs. Un monde de crainte, de trahison, de tourment. Un monde d’écraseurs et d’écrasés, un monde qui, au fur et à mesure qu’il s’affinera, deviendra plus impitoyable. Le progrès dans notre monde, sera le progrès vers plus de souffrance. L’ancienne civilisation prétendant être fondée sur l’amour et la justice. La nôtre est fondée sur la haine. Dans notre monde, il n’y aura pas d’autres émotions que la crainte, la rage, le triomphe et l’humiliation. Nous détruirons tout le reste, tout. » (1984, Gallimard 1950 p. 376.)
Enfantin, caricatural, de l'ordre de l'improbable croquemitaine, ce portrait d’un état totalitaire éternel qui n'a d'autre but que de broyer l'individu, qu'est-ce vraiment, sinon un update athée d'une description de l'Enfer, pas que scolaire ? 1984 est censé décrire le système politique le plus abject et traumatisant de l'histoire, le bouquin est écrit même pas 5 ans après Auschwitz, et tout ce qu'Orwell arrive à nous sortir, c'est que l'avenir du stalinisme pourrait drôlement ressembler à une expansion à niveau mondial du système éducatif huppé anglais. Avec, en plus du panpan-cucul, des caméras partout et la peine de mort post-coïtale. Ainsi qu'un Headmaster/Big Brother/Staline/Satan en guise de nouvelle entité impossible à vaincre. C'est immature et nawak, aussi nawak que Matrix et Twin Peaks, qui sont, comme 1984, des œuvres à l'intelligence éventuellement accidentelle, aux concepts vertigineux et au freestyle tellement vague qu'elles permettent en fait à n'importe qui d'y greffer n'importe quelle théorie geeky et pseudo-profonde. Le genre de catalyseur des folies de l'époque qui fait, dans le cas d'Orwell, que 1984 est vu à la fois comme un grand roman socialiste et une bible libertarienne, un généreux pamphlet anticommuniste et un épouvantail sécuritaire. Tout et son contraire, donc. Une dénonciation du bolchévisme, du Patriot Act, d'Hadopi, d'Echelon, de l'Union Européenne, de la lutte des classes, de Facebook, d'Obama, de Poutine, de la NSA, de la caméra sur le parking du Monoprix et même de Loana. Ca non plus, Orwell ne l'avait pas vu venir.
Texte écrit en collaboration avec Emmanuelle Raga, d'après son idée, et publié dans Gonzaï n°7, juillet/août 2014, toujours en vente sur le site.
mercredi 13 août 2014
VAUT-IL MIEUX 1 FRONT 242 + 1 TUXEDOMOON QUE 2 SACHETS DE CHURROS ET 4 MOJITOS?
mercredi 13 août 2014
Couillonnades,
Gonzozo,
KultuurKonfituur
Plaisir
d'Eté, Paradis du Churros, Food Truck transformé en Prout Truc,
verdict final que le Brussels Summer Festival tient tout simplement
d'une annexe de la Foire du Midi... Dans la vacherie de compétition,
nous avons su nous montrer cruels en cherchant vainement un truc non
dégoulinant à se mettre sous la dent, ce mardi soir, quelques
minutes avant le début du concert de Tuxedomoon. Faut dire que tout
juste sorti d'une grippe intestinale du pied gauche, la tolérance
pour la mangeaille de kermesse n'était pas de la partie. Pas plus
que l'envie de voir prester un soir plutôt frisquet Tuxedomoon et
Front 242, à vrai dire, groupes que notre grand âge nous a permis
de jadis croiser à des périodes plus déterminantes de leurs
carrières, quand la new-wave n'était pas de la couille. Et que le
mois d'août ne ressemblait pas encore à l'automne.
Ce
contexte perso étant planté, il n'étonnera personne qu'il m'a
fallu moins de dix minutes de présence sur le site du festival pour
sérieusement me prendre le bec avec une mémère et sa fifille. Le
fond et le motif de la dispute n'ont aucun intérêt. Par contre,
l'embrouille terminée, il est à noter que la fifille a essayé de
consoler sa Môman, fortement énervée par mes sarcasmes, en lui
montrant sur son smartphone la vidéo d'une tortue mâle qui essaye
d'avoir des rapports sexuels avec un wok. A ce même moment, dans le
décor, un gros type mal lavé au cerveau visiblement complètement
grillé par de bien drôles de drogues fendait la foule avec autour
du corps différentes couches de haillons et sur le nez un museau de
chat en plastique. Tout cela sous l'oeil placide de petits flics qui
n'avaient pas l'air d'atteindre le 1m68 réglementaire, même les
bras levés. D'où, soudainement, en plus de ma mauvaise humeur, une
volonté de mourir, là, directement, comme ça, pouf, adieu cruel
cirque humain.
Dans une relative indifférence, c'est alors que Tuxedomoon a commencé à jouer. Faut dire que le groupe yankeexellois (haha!) n'a pas choisi la facilité, illustrant en fait en musique un court-métrage diffusé sur l'écran de fond de scène, petit film que nous avons d'abord pris pour une publicité Actiris, avec son Docteur Maboul qui engueule un personnage recouvert de bandes magnétiques, qui finit par s'échapper dans la nature. J'avoue n'avoir ensuite pas vraiment suivi, jamais conquis par l'ensemble, distrait par notre conversation entre amis, et tout cela pour une simple et bonne raison. Je ne doute en effet pas un seul instant que la musique espiègle et tortueuse de Tuxedomoon reste un plaisir rare, encore aujourd'hui, dans une belle salle bien sonorisée. Ce mardi soir, au BSF, les balances étaient par contre tellement scandaleusement mal réglées que cette musique incontestablement assez difficile me fit en fait aux oreilles ce que le kebab au ragondin responsable de mon intoxication alimentaire évoquée en début de chronique fit il y a quelques jours à mon estomac.
Dans une relative indifférence, c'est alors que Tuxedomoon a commencé à jouer. Faut dire que le groupe yankeexellois (haha!) n'a pas choisi la facilité, illustrant en fait en musique un court-métrage diffusé sur l'écran de fond de scène, petit film que nous avons d'abord pris pour une publicité Actiris, avec son Docteur Maboul qui engueule un personnage recouvert de bandes magnétiques, qui finit par s'échapper dans la nature. J'avoue n'avoir ensuite pas vraiment suivi, jamais conquis par l'ensemble, distrait par notre conversation entre amis, et tout cela pour une simple et bonne raison. Je ne doute en effet pas un seul instant que la musique espiègle et tortueuse de Tuxedomoon reste un plaisir rare, encore aujourd'hui, dans une belle salle bien sonorisée. Ce mardi soir, au BSF, les balances étaient par contre tellement scandaleusement mal réglées que cette musique incontestablement assez difficile me fit en fait aux oreilles ce que le kebab au ragondin responsable de mon intoxication alimentaire évoquée en début de chronique fit il y a quelques jours à mon estomac.
Pareil
pour Front 242, d'ailleurs. Depuis 1986, j'ai vécu des concerts de
ce groupe qui m'ont marqué au fer rouge, j'en ai vu d'autres que
j'ai trouvé patauds, il y en a même qui m'ont fait doucement
ricaner mais, toujours, il s'est agi d'une expérience sonore
immersive de première bourre. C'est le propre de Front 242 :
même s'il est permis de ne pas trouver très finauds la purée
electro-body balancée dans les oreilles du public et les accents
bien brusseleir à la Alain Courtois des chanteurs, les concerts du
groupe sont en principe des expériences physiques intenses mais pour
qu'il y ait expérience physique intense, il faut évidemment que le
son soit à la hauteur. Surtout quand le groupe, plutôt en forme,
avec un Richard 23 toujours plus bondissant qu'un lolcat sur You
Tube, décide de généreusement balancer quelques gros
classiques/grosses patates de son répertoire le plus féroce, les
Take One, No Shuffle, Funkhadafi et le toujours furieusement cinglé
Commando Mix. Voilà qui aurait du faire bouillir le Mont-Des-Arts.
Mais avec une régie finale réglée au mouffle aplatissant basses et
reliefs à la tractopelle, seuls les plus motivés, peu regardants,
demi-sourds et parfaits ignares auront finalement passé une vraie
bonne soirée musicale, les moins pigeons du lot étant partagés
entre ennui, consternation et regret d'avoir payé pour du pareil
foutage de poire. Les stands de churros et de mojitos n'ont par
contre pas semblé s'en plaindre et c'est sans doute bien là le
principal, pour certains responsables.
Chronique publiée le 13 août 2014 sur le site du Focus Vif
mercredi 16 juillet 2014
QUAND JE LIS UNE GROSSE CONNERIE DE NICOLAS CROUSSE, JE SORS MON REVOLVER
mercredi 16 juillet 2014
KultuurKonfituur,
Langue de pute,
Notes Putes
Je n'ai pas vu Transformers 4 :
The Age of Extinction et je ne compte pas le voir. Je déteste
cordialement ce genre de films, ce n'est pas du tout ma came. Quand
on en vient à écrire sur le cinéma avec la prétention d'informer
le public, je ne pense toutefois pas que l'on puisse encore balayer
un produit de ce type d'une bête chronique pleine de poncifs. C'est
sur Cracked.com ou Den of Geek, je pense, que j'ai appris que si,
depuis quelques années, tous les blockbusters se ressemblent, c'est
principalement du fait qu'une sorte de Grand Gourou du Script
Post-Moderne a vendu sa méthode jackpot de merde à la plupart des
producteurs actuellement en activité (ces mecs sont des industriels,
pas des artistes : rentrez vous ça dans le crâne une bonne
fois pour toutes!). J'ai aussi lu, cette fois dans Mainstream de
Frédéric Martel, que le principal public désormais visé par
Hollywood n'est plus américain, ni européen, mais chinois, voire
arabe. Ce qui explique, dans la plupart des films actuels, les
couches de propagande libérale, de politiquement correct et
d'archétypes à la louche. On ne heurte pas les sensibilités des grands marchés émergents. J'adore sinon le concept de « destruction
porn », qui se moque de cette manie de détruire des villes
entières dans le moindre bouzin de super-héros ou de monstres.
Bref, il y a matière à écrire, dénoncer, se moquer et jubiler à
partir de cette pop-culture à la con et Cracked.com le fait très
bien. Ici, en Belgique médiatique, notamment dans Le Soir, on préfère par contre toujours
se draper dans une posture d'esthète indigné dès qu'un film se
montre trop enfantin, simplet, commercial, pop-corn. Le chroniqueur
Nicolas Crousse l'a encore démontré ce mercredi matin avec une courte chronique au sujet de Transformers 4 aussi ridicule que mal
torchée, en fait carrément scandaleuse.
« Gageons, (écrit Crousse),
qu’il se trouvera quelques inconditionnels du genre pour adopter ce
grand jeu vidéo filmé. En ce sens, le service minimum de ce
blockbuster d’été est garanti. Mais c’est à peu près tout. Le
quatrième volet de Transformers ressemble à une bouillabaisse
californienne (celle avec moult pop-corn et ketch-up), qui
revisiterait dans le désordre Fast and furious, King Kong,
Noé, La guerre des mondes ou même Godzilla.
Autrement dit, des belles bagnoles, de grands singes de ferrailles,
des bastons d’extraterrestres, des tours
infernales… Transformers est en somme à Hollywood ce que
la musique de Richard Wagner était au régime hitlérien : un
hymne national ! »
Un. Dire d'un film bourrin qu'il
fait penser à un jeu vidéo est une erreur classique de critique
déclassé, voire franchement réac. Il existe en fait très peu de
films qui donnent réellement l'impression d'un jeu vidéo filmé et
ils n'ont pour la plupart RIEN A VOIR avec un blockbuster classique,
notamment beaucoup plus sinueux dans la narration et davantage
immersifs que le « Pan dans ta gueule » habituel. Je
pense à Matrix 1, Silent Hill, Avalon, Existenz et, plus récemment,
The Edge of Tomorrow, le moins mauvais des Tom Cruise récents. Par
ailleurs, Transformers est surtout une adaptation filmée d'un dessin
animé lui-même dérivé d'une ligne de jouets. Les jeux vidéo ne
sont qu'assez accessoires dans cette franchise.
Deux. La bouillabaisse
californienne existe et ni pop-corn, ni ketchup n'entrent dans sa
recette. Celle-ci est même carrément plus
fancy, je trouve, que la façon de touiller la bouillabaisse française traditionnelle.
Bref, après « le jeu vidéo, c'est pour les idiots »,
voilà qu'on nous fait comprendre que « les Amerloques n'ont
aucune culture culinaire ». Mon cher ami, faites vous donc plaisir,
vous reprendrez bien une louche de ce bon gros clicheton des familles ?
Trois. Si Transformers 4 a l'air
de revisiter « dans le désordre Fast & Furious, King Kong,
Noé, La Guerre des Mondes et même Godzilla », il ne faut tout
de même pas oublier que ça reste en fait l'adaptation live de l'arc
narratif des Dinobots, dont la version en dessin animée a débuté
aux Etats-Unis le 27 octobre 1984, alors que Vin Diesel n'avait même pas encore passé son permis de conduire. Par ailleurs, moi, je ne vois
quasi aucun point commun entre le King Kong bien geek de Peter
Jackson, le Noé quasi sous ecstasy d'Aronofsky et un Godzilla lent et arty surtout éhontément pompé de Cloverfield. Qui était une putain de bonne
surprise punk, celui-là... En matant la bande-annonce, je trouve
sinon que Transformers 4 ressemble surtout à Transformers 3. Et à
The Avengers, qui n'aura cesse d'être copié pour les 20 ans à
venir par tous ceux qui espèrent gagner ne fut-ce qu'un dixième de son tout gros tas de dollars.
jeudi 19 juin 2014
ET TOUT CA POUR QUOI? JUSTE UN PEU D'ARGENT...
jeudi 19 juin 2014
Fulgurances,
KultuurKonfituur,
Notes Putes,
Platitudes
Fargo,
la série télévisée planplan sur FX tirée du chef d'oeuvre des
Frères Coen, s'est achevée ce mardi 17 juin 2014 et récolte des
critiques assez dithyrambiques, notamment un 9.2 sur IMDB. Après le
succès comparable de True Detective, show pourtant à demi-mongolo à peine digne d'une enquête du Commissaire Moulin allié
à Jean-Paul Sartre sur la piste de Marc Dutroux, c'est à se désoler
qu'à défaut de véritables grandes nouvelles séries, les junkies
du streaming se contentent un peu vite de tout ce qui leur rappelle
même vaguement un âge d'or du genre, peut-être déjà révolu.
En
gros mais c'est au fond vraiment ça et pas grand-chose de plus,
Fargo sur FX est l'histoire d'un bête type qui rencontre le Diable.
Le premier, Lester Nygaard (Martin Freeman) est l'employé modèle et
effacé d'un bureau d'assurances de la ville de Bemidji, bourgade
paumée du Minnesota (fictive, la vraie Bemidji est plus
importante). Le second, Lorne Malvo (Billy Bob Thornton), est un
tueur à gages itinérant aussi compétent que cinglé, jouette et
mal coiffé (le cousin de Javier Bardem dans No Country For Old
Men?). Par jeu, Malvo entre dans la vie de Nygaard, sur qui son
machiavélisme va déteindre et là, c'est le bain de sang en pays
plouc. Quel rapport avec Fargo, le film ?
La
neige, les accents, vaguement la musique, quelques easter eggs, des
scènes entières replacées dans un contexte différent, des
personnages à priori similaires avant qu'ils ne gagnent une
personnalité plus ou moins indépendante de leurs modèles, le
million de dollars en pleine nature et puis aussi, la traînée de cadavres. Quelle(s) différence(s) avec le film ? Un
paquet, dont un ton plus sombre, une violence plus gratuite que
marrante, des personnages moins marquants et, surtout, le propos,
l'essence même, de l'histoire. C'est Emily Nussbaum, critique du New
Yorker, qui a le mieux résumé l'affaire, pointant que là où le
film était une méditation sur la stupidité de la violence, la
série, elle, s'avérait surtout fascinée par l'intelligence des
gens mauvais. Bref, l'une est antithèse de l'autre.
On
peut dès lors se poser la question : pourquoi placer cette nouvelle histoire, pas mauvaise en soi, dans un contexte si particulier
et référencé, où elle n'a en fait rien à faire. Fargo sur FX
pourrait s'appeler Palookaville, USA et se dérouler au Texas ou en
Floride, se contenter de ressembler à l'univers des Frères Coen
comme le font les premières saisons de Breaking Bad. On y trouverait
moins à redire et à se gratter la tête que devant une série qui
claironne s'inspirer d'un film célèbre, tout en allant totalement à
contre-courant de son propos et en banalisant même l'héritage. Fargo, sorti en 1996, se foutait royalement de la gueule
des films à la Tarantino, de leur violence stylisée impunie et de leurs psychopathes présentés comme des rockstars. On y glorifiait
au trentième degré des ploucs et le bon sens des petites gens (était-ce de l'affection ou de la cruauté, il reste permis de
douter). On y montrait des
criminels pathétiques et hilarants. C'était ça, Fargo et c'est
bien pourquoi en 2014, Fargo sur FX aurait en principe du non pas récupérer à sa sauce tous les poncifs des polars actuels mais bien démonter sans aucune pitié ces anti-héros accidentellement
meurtriers de masse mais de plus en plus virils à chaque épisode et ces morts gratuites qui n'apportent rien à
l'histoire mais donnent au spectateur une impression de
« transgression ».
En
ne gardant du film que son titre, ses décors, ses gimmicks, un peu
de son ambiance et rien de son propos, Fargo sur FX rejoint en fait
la série des séries qui ne sont finalement que des rip-offs à la
con, ultra-cheaps et convenus, de films considérés comme des
citrons à presser jusqu'à la dernière goutte : La Planète
des Singes, l'Age de Cristal, Terminator, les Agents du SHIELD,
Hanniboule le Canadair, etc... And
for what? For a little bit of money. There's more to life than a
little money, you know. Don'tcha know that?
jeudi 15 mai 2014
PULP FICTION
jeudi 15 mai 2014
Couillonnades,
KultuurKonfituur,
Platitudes
Je ne garde pas un souvenir
extraordinnaire des films d'Hitchcock, sans doute parce que je les ai
vus beaucoup trop jeune. Ils m'avaient alors tous parus très
amidonnés, vieillots, théâtraux. L'autre soir, un peu par dépit,
par curiosité aussi, je me suis toutefois envoyé Frenzy, qui est
sans doute le plus cheap de son catalogue, le plus marrant aussi. Le
rôle principal devait être tenu par Michael Caine mais celui-ci a
décliné l’offre, jugeant le personnage abominable, un vendeur de
courges et de patates de Covent Garden qui étrangle durant ses temps
libres des femmes avec sa cravate. Alors, c'est Barry Foster, un
autre blondin cockney au swag tout working class, qui a signé le
contrat pour jouer le vilain Robert Rusk et Michael Caine attendra quand à lui le milieu des années 80 pour lui aussi jouer le gros salopard, très bien d'ailleurs, dans le Mona Lisa de
Neil Jordan.
La musique devait être signée Henri Mancini mais Hitchcock l’a viré, lui préférant Ron Goodwin, un balourd spécialisé dans la musique de films de guerre. Tout le film dégage comme ça un jemenfoutisme plaisant, donnant l'impression d'un thriller sur papier très soigné qui serait devenu une grosse série B assumée et décomplexée à cause des aléas de la préproduction. Il y a aussi pas mal de nichons, des gags culinaires interminables, des meufs qui meurent encore plus mal que Marion Cotillard dans Batman, du serial killing détendu du gland, des cartes postales d’un Londres disparu et puis aussi des intérieurs aux papiers muraux et aux bibelots décoratifs particulièrement atroces. 100% gros fun, quoi.
lundi 12 mai 2014
DUMB & DUMBER
lundi 12 mai 2014
Couillonnades,
Langue de pute,
Notes Putes,
Platitudes
C'était il y a quelques mois, me
semble-t-il. Ricky Gervais avait publié un tweet annonçant que si
personne ne le retweetait, il donnerait 100 £ à un organisme de
charité. Il avait été retweeté en masse, ce qui a poussé Gervais
à continuer l'expérience. L'Anglais publia donc un second tweet
annonçant qu'il donnerait 1000 £ à un organisme de charité à la
condition expresse que personne ne retweete l'annonce. Là aussi, les
gens ont partagé ce second message en masse. Il en a alors pondu un
troisième, promettant 10 000 £ en cas de 0 retweets et là encore,
tout un tas d'abrutis a republié le message. Après Gervais a
lâché une vanne dont je n'ai pas le souvenir. Je ne suis en tous les cas pas du tout certain qu'elle ait été vraiment comprise par tous ses followers.
Je viens de faire une expérience
relativement semblable en publiant chez Doors Magazine un
petit article écrit avec ma copine, qui est coéliaque, sur la
vie sans gluten. On y dit, clairement je pense, que malgré les
clichés populaires voulant que les intolérances alimentaires soient
de nouvelles maladies imaginaires, le No Glu n'est ni une mode, ni du
chichi de pétasse. Cocasse : le papier s'est toutefois fait
chichiter dans les commentaires du site, principalement par des meufs qui
n'ont pas l'air d'avoir vraiment compris ce qui est écrit, ce qui ne
les empêche pas de prétendre que l'on soutient exactement le
contraire de ce qui est publié. Ou comment faire un mini-buzz avec
trois paragraphes relevant à priori de la routine scribouillarde en excitant des gens qui lisent en diagonale en butant sur les mots clés. C'est amusant
mais aussi parfaitement consternant. Et je n'ai aucune pitié pour ça, je dois bien l'avouer.
No Glu Today
Le No Glu a la cote. Les recettes, produits et établissements
qui proposent ou cherchent des options sans gluten se développent,
encore timidement en Belgique, alors qu'en Allemagne, en Angleterre
mais aussi en France, c'est désormais une tendance de fond.
Question : le macaroni et les cookies sans gluten ne sont-ils
qu'un simple phénomène de mode? Du chichi de pétasse? Ou plus
simplement une saine contre-offensive à des recettes
agro-alimentaires industrielles devenues carrément dangereuses pour
la santé des uns, moins des autres?
Par Serge Coosemans et Emmanuelle Raga
Le gluten est une molécule qui
se trouve dans des céréales telles que le froment, le seigle,
l'orge, l'épeautre ou encore le kamut. C'est du gluten que provient
l'élasticité des farines utilisées dans la panification
industrielle. Comme l'élasticité, ça rend joli, joli pour le
marketing surtout, on rajoute aussi du gluten dans les plats
préparés, les sauces, les épices moulues... Résultat des
courses : le taux de gluten ingurgité par le consommateur
lambda a considérablement augmenté avec l'industrialisation
alimentaire et nous sommes aujourd'hui confrontés à des
aliments au taux de gluten beaucoup plus important qu'il y a une ou
deux générations. Ce qui expliquerait le taux croissant
d'intolérances mais aussi un diagnostic plus systématique de la
maladie céliaque, problème génétique encore mal connu où toute
ingestion de gluten, même en microdose, provoque une réaction
auto-immunitaire qui s’attaque à l’intestin, pouvant provoquer
des problèmes aussi graves que l'infertilité et le cancer, en plus
de fatigues et de dépressions régulières.
La maladie céliaque restant mal connue et les intolérances
souvent considérées comme du chichi d'hipster fragile, le No Glu
tient pour certains du simple phénomène culturel, énième
déclinaison bio bobo. La référence No Glu est certes un avantage
commercial très actuel mais quand on gratte la surface des choses,
on se rend aussi vite compte qu'une vie sans gluten exige une
certaine discipline, du sérieux, c'est quasi une vocation. C'est que
sans gluten dans la popote, les habitudes culinaires sont à
totalement revoir. Il faut apprendre à appréhender de nouveaux
goûts et à doser correctement des mélanges de farines étranges
(pois chiches, tapioca...) dont la molécule est totalement absente.
C'est bien pourquoi on retrouve surtout en amont de la tendance des
personnes souvent elles-mêmes intolérantes ou céliaques, obligées
de s'inventer de nouvelles recettes gourmandes et de sexyfier un
régime sans gluten à contre-courant des habitudes alimentaires
actuelles, qui plus est à priori aussi plutôt (faussement) austère
(adieu plats de pâtes, adieu pains au chocolat, adieu bières...).
Quant à eux concernés par une éventuelle désaffection de leur
clientèle intolérante, médicalement ou par conviction, ce sont
chez nous principalement des restaurants italiens qui proposent au
moins un plat sans gluten sur leur carte, souvent
juste des pâtes spéciales mais parfois aussi des pizza comme chez
L’Italia in Tavola à Bruxelles ou Il Bacio à Liège. D'autres
établissements qui servaient depuis toujours une cuisine sans gluten
mettent aussi désormais cet aspect en avant, comme les crêperies
bretonnes (crêpes à base de farine de sarrasin) ou encore le Kokob,
resto éthiopien à Bruxelles, qui sert des crêpes de millet.
Citons encore le Mémé Café et ses pâtisseries sans gluten et le
Délirium Café, parce qu'en Belgique, trouver de la bière sans
gluten ailleurs que dans un magasin bio, ce n'est vraiment pas
évident. Santé, les intolérants!
dimanche 11 mai 2014
LA CADENCE INFERNALE
dimanche 11 mai 2014
KultuurKonfituur
John Dwyer publie plus de chansons que je ne poste de statuts idiots sur Facebook : c'est dire la cadence infernale. Cette année, il a déjà enquillé deux albums. L'un, Drop, est le dernier en date de Thee Oh Sees, groupe qui a été déclaré en « hiatus prolongé » en début d'année mais est déjà depuis reparti sur de nouvelles bases. L'autre, sorti sous le nom de Damaged Bug, superbe pochette mais musique concon, tient davantage de la simple blague potache, une autre spécialité de Dwyer. Rappelez-vous : il y a quelques années déjà , le bonhomme avait beaucoup fait rire les uns et se désoler les autres avec Ziegenbock Kopf, faux groupe industriel gay à cagoules en cuir, produit parallèlement à Thee Oh Sees.
Damaged Bug fait beaucoup moins peur à
Civitas que ce truc là, encore que. Le gag tourne cette fois autour
de la consommation excessive de canabis, de l'amour pour Brian Eno et
des voyages dans l'espace. C'est volontairement inabouti, naïf,
maladroit, inintéressant, encore que je suis sûr qu'il influence en
ce moment même une bonne moitié des groupes pop belges en activité,
pour qui ce côté décalé et neuneu tient de l'Evangile. Pas mon trip et selon moi, il n'y a que deux morceaux à éventuellement sauver, le funky SS Cassidinea et Sic Bay
Surprise, qui sonnent tous deux moins Sharko que The Oh Sees. L'album de
Thee Oh Sees, par contre, tient quant à lui du pur bonheur, rien à redire, aucune ronchonnade à l'horizon, c'est un classique instantané. The
Lens, le dernier morceau de l'album, est même la meilleure publicité
pour convertir aux Beatles jamais inventée par l'industrie du disque
indépendant.
mercredi 7 mai 2014
HEIL HYDRA
mercredi 7 mai 2014
Couillonnades,
KultuurKonfituur,
Notes Putes
Tout arrive, j'ai bien aimé un film de super-héros. Captain America : The Winter Soldier a rempli son office, c'est à dire transformer mon scepticisme en amusement, parvenir à ne pas m'ennuyer avec une histoire dont je n'ai toujours strictement rien à foutre. Le premier Iron Man avait touché la même corde, celle qui fait descendre les attentes cinématographiques à la cave et active le goût du pop-corn. Dans les médias, les réalisateurs du truc se la pètent grave, à citer parmi leurs influences les grands thrillers paranoïaques des seventies : Les 3 Jours du Condor, The Parallax View, La Conversation Secrète... Comme des coquelets, ils sont tout fiers de soi-disant critiquer le faucon américain, la politique de surveillance généralisée, les assassinats ciblés au nom du bien collectif. En réalité, cette frime et Robert Redford au casting, ce n'est que du pur marketing. Tout cet aspect Patriot Act est utilisé dans le film comme La Guerre Froide l'était dans les vieux James Bond. C'est un simple élément de décor, un contexte tendu à partir duquel complètement délirer.
Rapprocher Captain América de James
Bond me semble d'ailleurs assez pertinent. Ils sont tous les deux
gradés, au service de leur nation. Bouclier/boomerang pour l'un,
Aston Martin pour l'autre, ils sont équipés de gros gadgets rigolos et le fait
que l'un ait passé 70 ans dans la glace et que l'autre soit un
connard de macho fini les rend tous les deux un poil rétro et réacs.
HYDRA ou SMERSH, c'est également kif-kif : des méchants
puissants mais néanmoins débiles, qui veulent dominer le monde sans
trop savoir pourquoi et dont l'idéologie à la base nazie ou
soviétique s'est petit à petit transformée en pure mégalomanie
aussi caricaturale que cinglée.
J'oserais en fait même avancer que Marvel entend plaire à l'homme moderne contemporain comme James Bond cherchait à séduire l'homme moderne de son temps. Evidemment, si l'homme moderne des sixties fantasmait sur des bitures sophistiquées, des petites pépées et des bagnoles de luxe, l'homme moderne de 2014 est un gros geek qui claque son fric dans des figurines de collection et perd son temps à discuter sur Facebook de story arcs de comics des années 80 qu'il aimerait voir adaptés à l'écran. Captain America est un film -léger, camp, consommable sans déplaisir - lui étant tip-top destiné. Avec le cul en spandex de Scarlett Johansson en guise de cadeau bonus et puis aussi, une scène entièrement piquée à Heat et Robert Redford pour nous rappeler que dans le catalogue hollywoodien, il y a tout de même de bien meilleurs films à se mater.
UPDATE : un ami m'a fait remarquer sur Facebook que le logo d'HYDRA est complètement pompé sur celui du SPECTRE, une organisation criminelle émanant du SMERSH dans l'univers de James Bond. Yeah! Say my name...
J'oserais en fait même avancer que Marvel entend plaire à l'homme moderne contemporain comme James Bond cherchait à séduire l'homme moderne de son temps. Evidemment, si l'homme moderne des sixties fantasmait sur des bitures sophistiquées, des petites pépées et des bagnoles de luxe, l'homme moderne de 2014 est un gros geek qui claque son fric dans des figurines de collection et perd son temps à discuter sur Facebook de story arcs de comics des années 80 qu'il aimerait voir adaptés à l'écran. Captain America est un film -léger, camp, consommable sans déplaisir - lui étant tip-top destiné. Avec le cul en spandex de Scarlett Johansson en guise de cadeau bonus et puis aussi, une scène entièrement piquée à Heat et Robert Redford pour nous rappeler que dans le catalogue hollywoodien, il y a tout de même de bien meilleurs films à se mater.
UPDATE : un ami m'a fait remarquer sur Facebook que le logo d'HYDRA est complètement pompé sur celui du SPECTRE, une organisation criminelle émanant du SMERSH dans l'univers de James Bond. Yeah! Say my name...
mardi 6 mai 2014
SPARKLES IN THE RAIN
mardi 6 mai 2014
KultuurKonfituur,
Notes Putes
Un jour, on écrira une fable sur The
Horrors. Cette histoire est faite pour : des corbeaux qui semblent
devenir aussi gras que des bœufs, des types qui à force d'explorer le puits sans fond de la new-wave "héroïque" finissent par s'y perdre. Luminous, le nouvel album, porte très bien le nom de ses
auteurs : c'est une véritable horreur. On disait de ces mecs
qu'ils se réinventaient à chaque LP, c'est un peu facile. La
véritable cassure date de 2009, quand ils ont laissé tomber le rock
gothique garage pour la sophistication néo-eighties de Primary
Colours. Depuis, ils n'ont fait que creuser cette veine parfois bien
douteuse et le résultat est à chaque coup un peu plus pompier, un
peu plus mou, un peu plus vain. Pourtant, je n'arrive toujours pas à
détester ces mecs, ni même à les trouver mauvais. Ce n'est pas que
je continue à y croire mais je continue à collectionner ce qu'il y
a à sauver de leur catalogue. Sur l'avant-dernier, c'était Endless
Blue et Moving Further Away. Sur celui-ci, c'est The First Day of
Spring et In & Out Of Sight. Ajouté à The Sea Within a Sea et à
la reprise de Frankie Knuckles, ça nous fait presque un album.
Celui-là est très bon, très classe, troublant et terrible.
Le mieux avec The Horrors, c'est encore
leurs sélections musicales :
lundi 5 mai 2014
IL Y A TOUJOURS UN ESPOIR QUAND ON EST MORT EN VAL DE LOIRE
lundi 5 mai 2014
Couillonnades,
KultuurKonfituur
Mon
article sur Sewn Leather et l'ironie dans la pop-culture que j'ai
publié lundi chez Focus était bien parti pour être nettement plus
ambitieux que ça. Il y avait au moment de s'y coller la volonté de
faire une bonne fois pour toutes le tour complet de la question, de
clôturer le dossier à jamais. Evidemment, quand on tartine ses
chroniques le dimanche soir, il y a souvent une nette différence
entre l'idée de départ, éléphantesque, et le résultat final, qui
tient généralement davantage du souriceau. Les idées se noient
dans le reste de gueule de bois, les notes sont illisibles. Je ne me
rappelle pas tout, non plus. Il arrive même que l'envie de
poulet-compote dominical supplante celle d'écrire. En descente, mon
cerveau pond des phrases tellement psychédéliques que
moi-même, je ne les comprends pas. Tout ça pour dire que si cette
Sortie de Route est essentiellement axée sur Sewn Leather et les
ennemis de l'ironie, au départ, je comptais aussi parler dans le
papier de Pierre & Bastien, groupe punk parisien que j'ai vu
prester au Chaff quelques jours après la Bozar Night. Et qui, eux,
sont dans l'ironie totale, sans toutefois que la musique ne s'en
ressente. Ce sont en effet leurs textes qui flirtent avec l'humour
des Inconnus, leur punk restant du punk tout ce qu'il y a de plus classique; du graillon de guitares invitant au joyeux pogo, avec 2 ou 3 accords et plein
de disto. Certains rapprochent ça de Cobra, groupe métal culte aux
textes ultra-drôles mais plus militants et, surtout, premier degré.
La pression de l'article à rendre dissipée, je ne sais plus trop ce
que je comptais dire de ces mecs, ni à quelles pirouettes j'aurais
eu recours pour que l'opposition Pierre & Bastien/Sewn Leather
tienne la route au long de la chronique. #sucragedefraisesgrave
L'album LP de Pierre & Bastien est
en prix libre sur Bandcamp :
Sewn Leather dans une performance assez
identique à celle du Bozar se mate ici :
lundi 27 janvier 2014
LE PURGATOIRE DE LA HYPE
lundi 27 janvier 2014
Fulgurances,
KultuurKonfituur
De son importation en France par Jean-François Bizot à Internet qui n’a pas été loin de l’achever, l’underground s’est durant 45 ans montré passionnant, rebelle, sectaire, snob, caricatural et ringard, avant d’être laissé pour mort. A tort.
(article publié dans le Focus Vif du 24 janvier 2014)
(article publié dans le Focus Vif du 24 janvier 2014)
mercredi 8 janvier 2014
DEVIOUS, TRUCULENT & UNRELIABLE
mercredi 8 janvier 2014
Couillonnades,
KultuurKonfituur,
Langue de pute
J’ai passé la fin de 2013 et le début de 2014 dans une maison de campagne en plein milieu de l’Yonne, une région de champs, de grands ciels français et de petits villages ramassés sur eux-mêmes. Les routes n’y sont pas éclairées, sinon par les phares des voitures, ce qui la nuit, ne permet une visibilité que d’une trentaine de mètres devant soi. Le noir et la nuit ne m’ont jamais fait peur, même tout au fond des bois ou perdu dans les champs. Au contraire, cela me fascine. Seulement voilà, à chaque fois que l’on prenait la route la nuit tombée (et la nuit tombe à 17 heures en ce moment), j’ai durant cette dizaine de jours dans le trou-de-cul de la France toujours eu peur qu’un jeune homme blafard uniquement habillé d’un anorak d’enfant, pour le reste nu, ne surgisse devant nos phares. Et ça, c’est la faute à Morrissey!
Durant ces vacances, je me suis en effet avalé l’Autobiography de Steven Patrick Morrissey, parue en octobre chez Penguin Classics (?!?!!!?). C’est un drôle de bouquin, presque gênant à lire. Il charrie beaucoup de rancunes et laisse durant de trop nombreuses pages une impression de mensonge et de manipulation. C’est très amusant, même si peut-être faux et pas toujours mérité, quand Geoff Travis de Rough Trade, Siouxsie Sioux, Tony Wilson de Factory Records ou David Bowie s’en prennent plein la gueule. Cela devient par contre pénible, même malsain, quand plus de cinquante pages sont consacrées au procès ayant opposé Morrissey à Mike Joyce, le batteur des Smiths, ou qu’imbu d’une prétention démesurée, Morrissey rappelle la position dans les charts de chacun de ses singles, considérant que les plus mauvais n’ont pas percé non pas parce qu’ils sont mauvais mais parce que la maison de disque du moment ne faisait pas correctement sa promo. Morrissey semble par ailleurs un très mauvais juge de son travail puisqu’il avoue aussi avoir un moment considéré There is a Light That Never Goes Out comme une mauvaise chanson des Smiths!
Le juge James Weeks, chargé du procès en question, a dit de Morrissey que c’était quelqu’un de “devious, truculent & unreliable”. Cela n’a pas plu au zygoto, qui lui en veut depuis à mort, se plaignant même que cette étiquette ensuite récupérée par des médias hostiles à son égard lui aurait entravé certaines possibilités de carrière. Le gros problème, c’est que la lecture de ce bouquin confirme plus qu’elle n’infirme cette sortie du juge Weeks. Evidemment que Morrissey est quelqu’un de “devious, truculent & unreliable” et évidemment que le fait même qu’il s’offusque de cette étiquette montre à quel point il s’est perdu en cours de route. Le Morrissey que j’aime et que je respecte, celui des années 80, comme je me l’imagine du moins, aurait joué de cette appellation. Il en aurait été très fier. Ce serait peut-être même devenu le titre de son livre. Là, cela fait juste ronchonner ce vieux con assis sur son paquet de chansons de variétoche dignes d'un Dave en anglais.
Et donc, au milieu des piques et des plaintes, il y a aussi cette histoire de fantôme assez sidérante. Peu après le split des Smiths, Morrissey raconte qu’il est allé se balader de nuit avec des amis sur la lande près de Manchester, les fameuses Saddleworth Moors qui charrient tant d’histoires macabres, dont l’affaire des meurtres d’enfants qui a inspiré l’une des premières chansons des Smiths. Au retour, sur une route sinueuse, le chanteur prétend que les phares de la bagnole ont soudainement éclairé, au milieu de nulle part, un jeune mec blafard, la bite à l’air, complètement nu, à part un anorak d’enfant sur le dos. Il n’y avait rien, strictement rien aux alentours. Morrissey et ses amis ont paniqué. Ils ont pensé que c’était un fantôme. Ou un accidenté de la route. Ou quelqu’un qui s’était échappé d’une cachette où il était retenu prisonnier par des pédophiles. Ou que c’était lui-même un pervers. Ou un blagueur ivre. Ou un type qui faisait mine d’être accidenté et que dès que vous vous arrêtiez pour l’aider, on vous assommait pour vous voler la voiture et vous laisser amoché et sans fric au milieu de nulle part. Morrissey a fini par appeler la police. Les flics lui auraient répondu qu’ils n’interviendraient pas. Que cela se passait sans arrêt au même endroit, qu’il n’y avait rien à faire, qu’ils ne trouveraient rien dès qu’ils seraient sur place. En d’autres termes, que le mec en anorak d’enfant était un fantôme. Et là, soit Le Moz se fout bien de notre gueule, soit il a vécu le truc le plus wtf du monde, mais le voilà qui prétend alors que le lendemain, en plein jour, ses amis et lui sont retournés sur les lieux. Et tout ce qu’ils y ont trouvé, dans les fourrés, c’est un caleçon!!!
Je trouve cette histoire nawak, grotesque, formidable. A cause d’elle, je ne serai plus jamais vraiment tranquille quand on roule sur des routes de campagne sombres la nuit. Pas que je crois vraiment aux fantômes. Plutôt aux connards capables de provoquer des crises cardiaques et des accidents pour le fun. That joke isn’t funny anymore.