Il est ainsi beaucoup question de journalisme dans ce livre. Coffin explique longuement ce qui dysfonctionne selon elle dans le journalisme français. Il y a des points pertinents, des pistes intéressantes et puis, des choses plus suspectes. Je ne suis ainsi pas du tout certain que lorsque la rédaction finale du site 20 Minutes zappe dans un article sur l'émission télévisée Fort Boyard un paragraphe sur l'homosexualité d'Olivier Minne, cela relève de l'invisibilisation des homosexuels et pas plus simplement du « hors sujet ». Reste qu'au bout du compte, nous sommes d'accord sur l'essentiel : le journalisme, surtout français, pédale grave dans la semoule. Un mauvais exemple pour illustrer l'évidence ou des idées différentes au moment d'envisager des solutions n'y change rien. C'est une réalité commune. Nous pouvons dès lors en discuter.
Comme nous pouvons discuter l'idée que la culture strictement lesbienne semble toujours déranger autant de monde et que l'outing de personnalités homosexuelles peut s'avérer d'utilité sociale. Comme nous pouvons être d'accord sur le fait que les soirées au Pulp, c'était vraiment super, et que la neutralité journalistique est un concept complètement biaisé depuis toujours. Là aussi, à la base, des réalités indéniables. Réalités qui se transforment malheureusement en cabrioles au dernier chapitre, le plus virulent. « La Guerre des Hommes », vraiment ? « Les Hommes mènent une guerre permanente contre les femmes et tentent de le dissimuler » ? Bertrand Cantat, « un héros célébré de la guerre des hommes » ? La Ligue du LOL et Roman Polanski, même logique patriarcale ? #NotAllMen = « une sommation de ne pas généraliser qui verrouille les paroles publiques » ? Asia Argento, un exemple inspirant ?
WHAT THE FUCKING FLYING FUCKING FUCK, Alice Coffin ?
Parce que là, ce n'est plus une réalité partagée et ce n'est plus juste une opinion. C'est présenter comme seul valide un autre monde que celui dans lequel je vis. Un cartoon paranoïaque, un remake de Matrix avec des hétéros blancs de 50 balais dans le rôle des pieuvres mécaniques. C'est un type de délire à la Zemmour, aussi. Chez le gargamelesque nabot, 1 milliard de Musulmans, c'est 1 milliard de voleurs de mobylettes et de fraudeurs sociaux. Chez Alice Coffin, 4 milliards d'hommes sur Terre, c'est au pire une majorité de cogneurs et de violeurs et au mieux, une conspiration planétaire qui se serre les coudes pour qu'aucune femme ne dépasse jamais un salaire de 1500 balles. Tous salauds, sauf Papa (je ne déconne pas, elle le précise vraiment!) ! Alors, #NotAllMuslims, c'est évident, mais #NotAllMen, ce serait juste la propagande du Patriarcat? 4 milliards d'hommes, une obsession unique : baiser, cogner, humilier? Et là, moi, je dis non. Comme je dis non à la Terre Plate, aux chemtrails, à Trump, à Thierry Casanovas et à toute personne qui m'a l'air d'avoir un peu trop basculé dans la Twilight Zone. Pas la peine de discuter si la réalité est niée ou réinterprétée. Pas la peine de chercher à m'éduquer, à me faire gober une pilule rouge, à me déconstruire. Autrement dit, chercher à m'imposer la validité d'une réalité à laquelle je ne crois pas du tout et qui conditionnerait pourtant toute discussion ultérieure. Encore autrement dit, la parole de Dieu, le Suicide Français, ce que nous cache la NASA ou le Génie Lesbien, pour moi, c'est kif-kif . C'est entrer dans "une zone où l’imagination vagabonde entre la science et la superstition, le réel et le fantastique, la crudité des faits et la matérialisation des fantasmes."
Ti di didi ti di didi ti didi didi didi...