C'est après avoir lu un article sur le site de l'AJP, l'association des journalistes professionnels, que je me suis mis à utiliser les contrats intérimaires de la SMART. Cette offre de service me semblait la plus adaptée à mon boulot freelance et l'AJP la recommandait donc. Accessoirement, c'est aussi le système qui générait le moins de paperasse. Peut-être bien que j'y perdais quelques euros mais cette facilité logistique me convenait et, de toutes façons, je n'ai jamais eu à ce sujet le moindre conseil, ni une seule remarque, de la part des conseillers et conseillères de la SMART. J'ai donc opté pour ce qui me semblait le plus simplet et c'est devenu une routine.
Le premier
gros couac date de 2014, trois ans après mon inscription. Il m'avait
alors été proposé par un organisme culturel de premier ordre de me
charger d'une série de longues interviews de groupes musicaux
belges, dans un but promotionnel mais libre de ton. Un job cool,
plutôt correctement payé, et aussi « journaleusement
correct », donc. Pour la facilité de la démonstration,
mettons que l'on m'avait proposé 1000 balles bruts par interview. Le
truc, c'est que cet organisme commanditaire n'était pas assujetti à
la TVA et n'était légalement pas tenu de la payer. Le détail
juridique m'échappe mais je pense que ce client dépendait soit d'un
ministère, soit d'un organisme à vocation sociale. De toutes
façons, comme il s'agissait d'un travail journalistique, on aurait
pu en exonérer la TVA, comme c'est permis par l'article 44 alinéa 3
du Code. Sauf qu'à l'époque, la SMART ne voulait pas entendre
parler de ça. Ce n'est que depuis peu qu'elle accepte une TVA à 0%,
pour toutes sortes de jobs. De sa création en 1998 jusqu'il y a peu,
elle refusait par contre totalement de laisser tomber la TVA. Y
compris quand la réclamer ne relevait pas seulement du zèle
administratif mais carrément de l'erreur grossière aux détriments
de ses utilisateurs. M'est ainsi revenu aux oreilles le cas
ahurissant de quelqu'un qui tient des ateliers d'écriture depuis
plusieurs années mais à qui personne de la SMART n'a jamais pensé
signaler qu'il n'y pas de TVA applicable sur ce type de boulot à
vocation strictement sociale. Correct me if I'm wrong ! (Correction apportée le 27/05/21 : anecdote mal rapportée et faussée. Ne pas en tenir compte, donc).
Et donc, en 2014, si je voulais que la facturation de ce fameux boulot « institutionnel » pépouze passe par la SMART, celle-ci insista beaucoup pour que soit l'organisme paye les 1000 euros brut discutés + 21% de TVA ; soit que j'entre ces 21% de TVA dans les 1000 balles bruts discutés. Autrement dit, soit je négociais - sans pourtant en avoir la moindre légitimité et encore moins le poids nécessaire – afin de parvenir à faire raquer 210 balles de plus à un client n'étant pas légalement tenu de payer ce genre de taxe, soit je rabaissais mon brut à 790 euros (1000 – 21%). Tout en permettant à la SMART d'utiliser éventuellement ces 21% de TVA. J'ai trouvé ça scandaleux. J'ai gueulé et pas qu'un peu. Sans le moindre succès et en passant même dans leurs couloirs pour un très gros con. Finalement, j'ai refusé ce job plutôt que d'accepter de me faire enculer de la sorte, ce qui m'a bien entendu fait davantage gueuler. Quelques années plus tard, j'ai toutefois du ravaler ma fierté et mes principes. Quand j'ai commencé à travailler pour le magazine Larsen, qui dépend du Conseil de la Musique, si je ne m'abuse autre organisme légalement non soumis à la TVA, j'ai du me résoudre à entrer à chaque contrat les 21% de TVA dans l'honoraire brut. Sans quoi je n'aurais jamais travaillé pour Larsen. Or, j'aime travailler pour Larsen. Et ça fait maintenant des années que je travaille pour Larsen.
Bien entendu, la SMART se défendra en disant que c'est de la faute de Larsen : honoraires inadaptés, insuffisants à une transformation en salaire horaire correct, etc... N'empêche qu' à chaque paiement de la SMART suite à une collaboration avec Larsen, ce qui me fait le plus mal au cul, ce n'est pas le tarif au caractère d'un article proposé par Larsen, pas lourd mais convenable, c'est la différence entre le montant sur la commande et ce qui se retrouve versé sur mon compte. Et non, mille fois non, les législations sociales belges en vigueur et la fiscalité locale n'expliquent pas complètement ça ! La SMART, par un bouche à oreille savamment entretenu, s'est il y a plus de vingt ans fait connaître comme solution idéale pour les journalistes non salariés et non désireux de devenir pleinement indépendants. Pourquoi dès lors n'avoir jamais pensé à développer des outils plus bénéficiaires aux pigistes que ces contrats intérimaires types qui leur grillent pas mal d'euros à chaque validation ? Pourquoi avoir attendu tant d'années pour instaurer la possibilité d'une TVA à O%? Pourquoi, à la SMART, coupe-t-on toute discussion quand on le fait remarquer ? Pourquoi ce régulier « si vous n'êtes pas contents, allez voir ailleurs ! » qui m'a été admonesté maintes fois mais aussi rapporté par de multiples sources ? Sans que l'on ne conseille jamais où aller voir, d'ailleurs...
Un détail encore, dont je ne mesure pas vraiment l'importance en écrivant ceci : j'avais en fait quasi oublié ce premier accroc avec la SMART. 2014, c'est loin. Je me souvenais bien du client impliqué et d'une histoire de TVA mais sans plus et j'étais sinon totalement incapable de dater l'anecdote. C'est en fait un courrier recommandé de la SMART daté de mai 2021 et me signifiant la « fin de notre collaboration » qui m'a rappelé plus exactement cette affaire. Dans ce courrier récent, envoyé suite à des engueulades elles aussi récentes, on me reproche en effet texto d'avoir « il y a quelques années » déjà provoqué un « incident » suite à leur « refus d'appliquer une TVA de O% ».
Ce qui signifie en fait deux choses : soit quelqu'un de la SMART s'en est souvenu et a cru utile d'en faire mention dans le cadre du litige actuel, ce que je trouve personnellement assez gnangnan... Ou alors la SMART a des petits côtés STASI, et garde des dossiers sur ses « collaborateurs », où sont notés leurs écarts de comportements et de langage quand se présente une mésentente. « J'ai du apprendre à me battre avec eux sans les froisser », m'a écrit un musicien. Le problème étant que ça se froisse très vite. Sans jamais admettre que leurs erreurs foutent les gens qui les subissent dans la merde et provoquent donc des colères légitimes. A ce jour, j'ai déjà reçu trois messages aussi consternants que crédibles, m'expliquant quelques couacs de la SMART depuis que j'ai lancé cette série de billets, le vendredi 21 mai 2021. Continuons!
Pour me joindre : mon prénom. Un point. Mon nom. Arobase. Gmail.com. Le tout en minuscules.
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