Devinez quoi ? C'est exactement ce que j'ai fait après avoir été lourdé de mon taf le plus public - Brian Eno, les cactus, les marches en forêt (le vol-au-vent, je suis moins sûr...). Je n'ai pas ronchonné, je n'ai pas pensé me pendre; d'autant moins que j'ai donc été remercié fin avril d'une place que j'envisageais quitter en juin : no big deal. Je n'ai pas cherché, surtout, à retrouver un job similaire, à ne pas perdre ma place dans la médiasphère. J'ai un peu travaillé dans l'anonymat ("Je m'appelle Serge, j'écris des trucs mais soit. C'est ici hors-sujet...") et j'ai bien davantage glandé, sans flipper, ce qui a été une libération dingue, aussi parce que voilà que maintenant, il n'existe plus aucun moyen de me « canceller » en représailles d'un statut Facebook ou Twitter mal digéré. Je ne suis plus une figure publique ou semi-publique. Je ne suis plus attaché à un média sur lequel tenter de faire pression pour qu'il me vire. Mieux : vu qu'il n'existe plus aucun canard ou site web, nulle part (Belgique, France, pays anglophones...), pour lequel j'ai envie de travailler, je ne compte même pas repostuler ou accepter une place de chroniqueur ou de journaliste. A moins que ça me paraisse pouvoir s'avérer rigolo. Ou que c'est super bien payé.
Ce qui n'a pas l'air possible dans les conditions actuelles. Dans l'ambiance actuelle. Avec la profusion actuelle de grosses têtes de nœuds aux postes clés et décisionnels. Avec les sujets et les angles à la mode. Ce qui m'a toujours motivé, c'est la rigolade. C'est se brûler la tête ; pas la tiédeur, la retenue, la peur de choquer, les chichis, les trigger warnings, le militantisme gnangnan, faire mine de respecter l'irrespectable. Le modèle à suivre, c'est se foutre de la gueule des gens, avec du fond mais for the lulz; pas les lyncher à la Mediapart. C'est promouvoir la culture, la vraie, durable; pas Alice Coffin. C'est discuter avec des personnes qui ont plus de livres, de films et de disques chez elles que d'abonnés Instagram. J'ai commencé à écrire dans les gazettes en 1994 et j'ai tenu jusqu'en 2022. J'ai bien rigolé, vraiment beaucoup, mais je ne suis pas certain que ce « métier » puisse encore prêter, ni dans le présent, ni dans le futur proche, à une telle saine rigolade.
Peut-être qu'un jour les conditions générales seront meilleures mais vu qu'elles n'ont cessé de se dégrader depuis les années 90, autant attendre que les poules aient des dents, ce qui pourrait être dans les cartons d'Elon Musk, mais même... Disons que je n'y crois pas trop. Du tout. Et que cela me va fort bien comme ça. Une telle constatation m'aurait fait très mal au cul après 2 ou 5 ans d'expérience. Pas après 28.
Bref, si vous avez besoin de quelqu'un qui tape du Brian Eno au moment de rempoter vos cactus contre émoluments attractifs, vous savez où et comment me joindre... Je prends aussi les contenus de sites web, les brochures promo, les interviews corporate, etc...
Autrement dit, je compte enfin exercer un "vrai métier".
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