Février 2023 - C'était je pense une grande chance de grandir durant les années 70 et 80. Une époque où les parents ne faisaient pas vraiment attention aux films que regardaient leurs enfants. Une époque où ce que l'on appelle aujourd'hui les « trigger warnings » étaient perçus comme réacs, cathos, ringards et tafioles. L'Exorciste beaucoup trop jeune, Soleil Vert pas du tout feel good, voilà qui marqua mon enfance. Du trauma à la pelle devant la téloche à papa quand il n'était pas là : vampires, Satan, nazis, fin du monde, animaux morts, mygales en gros plan, rouquins électrocutés... Quarante ans plus tard, ma cinquantaine en est fort satisfaite : je ne serais pas tout à fait le même, je pense, si je n'avais sué dans mes draps Star Wars en cauchemardant les remakes perso de tous ces films après les avoir pris dans la tronche. Pour forger un caractère, rien de tel qu'une bonne guerre, disent certains. Je n'y crois que moy-moy. Par contre, culturellement se confronter à la surprise, au risque de grand déplaisir et même de sévères traumatismes, ça oui, c'est selon moi important. Très. C'est pourquoi je reste bouche bée à l'idée qu'il existe désormais une application, du nom de Does The Dog Die ?, où l'on peut vérifier qu'un film soit complètement « safe » avant de le regarder. Certes, je ne pense pas que Requiem pour un Massacre, par exemple, soit très indiqué pour animer un après-midi anniversaire d'enfants de dix ans et il ne m'est donc pas scandaleux qu'il puisse exister un site expliquant que ce film puisse être contre-indiqué aux personnes sensibles et aux mioches. N'en demeure pas moins que je pense que Requiem pour un Massacre doit aussi être obligatoirement vu, expérimenté et vécu quelques fois dans une vie. De préférence sans trop savoir à quoi on va être confronté au moment de s'y lancer. Or, Does The Dog Die nous avertit que si on regarde Requiem pour un Massacre, on y verra voler des insectes, mourir une vache et un cheval, des gens se saouler, un viol, quelqu'un se couper les cheveux, quelqu'un d'autre vomir, une scène de douche, des pets et des crachats, un bébé qui pleure, du « hate speech », de l'antisémitisme, du sexe, des flingues et une quasi noyade. Does The Dog Die ? nous rassure toutefois que dans ce qui me semble toujours le film de guerre le plus horrible et réaliste au monde, il ne meurt aucun dragon. Sérieux, il y a une rubrique « Does a dragon die ? » sur le site. Que Requiem pour un Massacre n'est pas Bridget Jones et ne soit pas du tout recommndable après une grosse choucroute, je pense qu'on le pige rien qu'au titre. Que des gens puissent estimer important de signaler que quelqu'un y pète au cas où ça pourrait générer un malaise sur le sofa me semble par contre découler de la sensiblerie post-moderne exacerbée. Recommander la vision de Requiem pour un Massacre et avertir que ça va secouer, c'est primordial. Lister tout ce qui pourrait déranger les chochottes dans ce film n'est par contre qu'un service nigaud de plus à la communauté pisse-vinaigre. Autrement dit, encore une machine à fabriquer les réacs, cathos, ringards et autres tafioles. Voilà.